La télé Libre

Publié le par Mohamed BENTEBRA



Tele-libre : Journalisme citoyen sur le web

Après avoir été reporter pour TF1 puis pour Canal Plus, après avoir réalisé Madâme le film sur la reine Chirac, John-Paul Lepers invente une nouvelle télévision. Grâce au web, la Télé-Libre se propose d'être indépendante de l'Etat comme des annonceurs. Ah oui et comment ? Entretien.

La Télé Libre c'est quoi ?
On invente un nouveau média avec une quinzaine de personnes, il y a un monteur-réalisateur, deux cameramen, trois preneurs de son, un rédacteur en chef. Ce sont des stagiaires ou des volontaires, des bénévoles. On est libre de tout format, de toute idée de flux. On peut proposer un entretien d'une heure ou une archive de trois minutes, et trois minutes plutôt que quelques secondes, ça change tout. Il y aura du reportage, on reste dans le " news ".

Qui paie ?
On ne veut pas de financement par la publicité ou via une levée de capitaux, comme ça se pratique actuellement sur le net. Pour l'instant on finance notamment grâce à notre boite de production On Y Va!, et la société Atlantis avec laquelle on prépare un 90 minutes sur la campagne pour Canal Plus. Il faut qu'on fasse nos preuves et ensuite on proposera un abonnement pour une petite somme.

Internet est encore le lieu de la gratuité financé par les annonceurs.
C'est un leurre. Si on tombe là-dedans on va se faire avoir ; la publicité, soit on nous en filera pas soit on ne sera plus libre ! Si c'est pour faire du journalisme financé par les marques ou par l'Etat je sais où aller travailler... On donne de notre temps pour éviter cela, ça fait deux ans qu'on est sur ce projet, on va inventer, se tromper etc. On a une technologie débutante, beaucoup d'énergie et on est conscient de la chance qui nous est offerte. Si les gens ne sont pas prêts à payer, à un moment on arrêtera.

Qu'est ce qu'on verra et qu'on ne voit pas à la télé ?
Par exemple quand je rencontre Bayrou et qu'il m'explique quand il était bègue et comment il s'en est sorti, ça prend du temps, ça ne passerait pas à la télévision. Ou plus tard quand je m'engueule avec lui dans l'interview, ça ne passerait pas non plus : est-ce que c'est de l'info, pas de l'info, en plus en télé on n'a généralement pas le temps. Un autre exemple c'est la discussion d'un de nos correspondants avec des SDF. Ce sont des paroles qu'il faut aller chercher, ce n'est pas un flux qui est imposé, et qui doit "captiver" le spectateur. On travaille également avec des correspondants en région qui nous apportent des documents et on a mis en place une wiki-enquête avec Agoravox autour de la présidentielle. On propose des portraits de candidats qui évolueront au fil des jours, chacun pourra apporter des images ou du texte.
Le premier jour, nous avons proposé une douzaine de vidéos en ligne. Les jours suivant ce sera de trois à un seul reportage ou interview : quand il n'y aura pas on n'inventera pas, on ne fera pas semblant. Tout cela évoluera en permanence, une info ne chasse pas l'autre. On est des téléspectateurs, nos enquêtes seront vivantes et ouvertes... Mais je peux aussi faire des choses en télévision : quand la chaîne parlementaire (LCP) me propose un rendez-vous mensuel (26 minutes) sur l'abstention, le projet me plait et donc j'y vais.

Daniel de Almeida
 Lire l'edito sur la Télé Libre

Publié dans exemplaireetmeritant

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