justice
Les Français ont mal de leur justice.
La faiblesse des moyens dont dispose l’institution judiciaire, et le maintien d’une forme de contrôle politique sur les juges, alimentent l’idée qu’existent deux poids et deux mesures. « Les hommes naissent libres et égaux en droit » : vous l’avez tous appris à l’école ! La séparation des pouvoirs est un principe fondateur de la République, on vous l’a répété !Affaire des HLM de la ville de Paris, affaire des « frais de bouche » et des billets d’avion de Chirac à la mairie de Paris, affaire Clearstream, affaire Jean Paul Huchon, affaire Pierre Bédier : autant de dossiers qui nous interpellent en posant la question de la morale en politique. Mais il semblerait que certains soient « plus égaux que d’autres » dans notre pays. Un exemple : la récente condamnation de Pierre Bédier. Le Président UMP du Conseil Général des Yvelines, également député et ancien ministre (on est cumulard ou on ne l’est pas) vient d’être condamné à 18 mois de prison avec sursis, 50 000 euros d’amende et 3 ans de privation de droits civiques (soit six ans d’inéligibilité) dans une affaire de corruption passive. Dans les attendus du jugement, le Tribunal correctionnel de Paris a utilisé des mots très durs pour le prévenu : « Pierre Bédier (avait) gravement porté atteinte à l'autorité de l'Etat, à des fins personnelles, et (avait) trahi la confiance que les citoyens avaient placé en lui pour les représenter».
Pierre Bédier a fait appel de cette décision et c’est son droit le plus strict Là où le bât blesse, c’est que Pierre Bédier a également décidé de se présenter aux élections législatives sous les couleurs de l’UMP. Au-delà de cette affaire, la question que tout à chacun peut se poser est la suivante : Lorsqu’on a été élu par le peuple au suffrage universel et qu’on est reconnu coupable d’une faute grave, d’une trahison de la confiance du peuple souverain, ne devrait-on pas avoir la sagesse de se retirer ? Plus largement, est-il normal que des hommes condamnés pour des faits plus graves encore, comme Alain Carignon, puissent se présenter à nouveau au suffrage des Français, et qu’un parti comme l’UMP les soutiennent d’une seule voix ? Comment empêcher que des hommes dont la moralité a été sévèrement mise en cause puissent, à coups de clientélisme et de démagogie, être élus à nouveau ? Prenons un exemple concret. Un commerçant, votre boucher par exemple, est appréhendé après une fraude aux impôts. Sa mauvaise foie est prouvée. D’une manière générale il sera condamné à une peine de prison ferme, à une amende et à une interdiction de gérer un commerce pour une période donnée mais … l’inscription de ces faits dans son casier judiciaire l’empêchera de voter ou de se présenter à une élection A VIE. Ce problème ne relève pas des juges qui ne font qu’appliquer le droit mais bien des députés, sénateurs et membres du gouvernement qui font les lois… Justice à deux vitesses ou législateurs à deux vitesses ! « Servir » et non « Se Servir ».Pour ma part, je pense qu’il faut d’abord instaurer le non cumul des mandats : un mandat unique renouvelable une seule fois favoriserait le renouvellement rapide de la classe politique mesure qui, au vue de l’accroissement du nombre « d’affaires », semble indispensable D’autre part, dès lors qu’un homme politique est reconnu coupable de détournement de fonds publics, corruption ou toutes autres malversations s’y rattachant, il devrait être inéligible À VIE Il en va de l’image de la représentation démocratique, il en va aussi de la lute contre les extrêmes et ceux qui se nourrissent du « tous pourris ». C’est avec ce genre d’affaires que le « Front fait son beurre » Comment réconcilier le peuple avec ses dirigeants politiques ? Comment faire baisser le taux d’abstention ? Comment redonner confiance aux français ? La politique comporte une exigence morale ; ceux qui exercent un mandat doivent, autant que possible, être au dessus de tout soupçon : « servir » et non « se servir ».
Il en va de la cohésion nationale de notre pays. Aziz SENNI